Le 29 avril dernier, Mobycon s’est rendu à Paris pour le premier évènement du Réseau vélo et marche (RVM) qui réunit plus de 450 collectivités françaises engagées pour les mobilités actives. Cette journée était articulée autour de trois thèmes d’actualité en France en lien avec les mobilités actives : le partage entre usagers de la voie publique et sa pacification, les bénéfices santé du vélo (1 km à vélo = 1 € d’économisé pour la société) et les enjeux que représentent ce dernier dans les élections municipales françaises qui auront lieu en mars 2026.

Le vélo fait désormais l’objet en France d’une politique publique à part entière, portée par un réseau d’acteurs de l’échelon national à celui local. Depuis 2017, un changement de regard par rapport à la mobilité cyclable a eu lieu en France, menant à des adaptations législatives et l’allocation de financements publics (Fonds Mobilité Actives, Fonds Vert). En particulier les contraintes de déplacement pendant la crise COVID ont accéléré la sortie du vélo de son statut d’objet culte de sport et de loisir, et l’ont réhabilité en tant que mode de transport du quotidien.
La mobilité piétonne, quant à elle, bien qu’inclue dans le Plan Vélo et Marche 2023-2027 du gouvernement, souffre d’un léger retard en termes d’expertise et de couverture médiatique en comparaison avec la « petite reine ». Cependant, ce décalage semble se résorber comme en atteste l’intérêt que lui porte un nombre grandissant d’acteurs, dont le Cerema (centre de recherches équivalent au CROW aux Pays-Bas) qui a récemment publié un guide synthétique sur les enjeux et outils liés au développement de la marche en France.

En se positionnant désormais clairement en soutien à ces deux modes, sans ordre de priorité, le RVM va certainement contribuer à l’émergence d’un savoir-expert et d’une doctrine consensuelle promouvant les synergies qui existent entre ces deux modes de déplacement alternatifs à la voiture individuelle.
Dans cette optique, ce premier évènement du Réseau vélo & marche était d’ores et déjà l’occasion de réaliser à quel point le discours sur la mobilité cyclable en France se spécialise : on reconnaît la vitesse comme le premier des fléaux vis-à-vis de la sécurité routière et l’importance d’une conception des rues qui « inspire » les usagers à ralentir, on discute de l’enjeu de hiérarchisation du réseau viaire, on défend le besoin de transversalité des stratégies et de penser l’aspect social de la mobilité cyclable en complément des infrastructures.

Lors des multiples tables rondes qui ponctuaient la journée étaient aussi évoqués l’importance du choix des mots (avec notamment la proposition de transformer le « Code de la route » en « Code de la voie publique » en tant que parole performative) et le souhait de voir se développer des « outils cognitifs » (concepts et savoirs) encore inexistants, pour penser les enjeux contemporains liés aux mobilités actives et à la cohabitation des usagers dans l’espace public.
Justement, un jour plus tôt, le 28 avril 2025, Emmanuel Barbe (inspecteur général de l’administration présent à la journée) remettait au ministre des Transports français le rapport « Prévenir les violences et apaiser les tensions pour mieux partager la voie publique ». Ce document a été élaboré dans le cadre de la mission sans précédent lancée par le gouvernement pour donner suite au drame du 24 octobre 2024, lors duquel Paul Varry qui se déplaçait à vélo dans Paris est décédé écrasé par un SUV.
Ce rapport public contient 40 recommandations pour la pacification de l’espace public de circulation, en lien avec :
Au-delà d’une redistribution plus équitable de l’espace public, la principale piste de réponse apportée au défi de cohabitation entre les modes portait sur la culture d’une compréhension mutuelle entre usagers. Ce qui passe notamment par l’explicitation des règles pour chacun via, par exemple, l’augmentation de la taille des panneaux M12 pour les rendre plus visibles des automobilistes, mise à jour de la formation du permis de conduire, communication d’informations à l’achat de nouveaux véhicules, dont les vélos.
En filigrane de nombreuses prises de paroles prononcées ce jour-là, mais sans que le terme ne soit jamais employé, il est en fin de compte question de la charge mentale des usagers, dont celle des cyclistes. Ceux-ci sont souvent taxés d’hors-la-loi ou d’inconscients sans que soit remis en question les cheminements chaotiques voire dangereux que la puissance publique leur fait emprunter, encore trop souvent interrompus par des discontinuités d’aménagement, de longs temps d’attente aux feux, une infrastructure peu intuitive et ne donnant pas le droit à l’erreur. Ces concepts de « charge mentale » et « d’infrastructure pardonnante » sont, avec de nombreux autres, au cœur de l’approche néerlandaise « Duurzaam Veilig (Sustainable Safety) », à la base du succès de l’urbanisme cyclable de nos voisins nordiques.


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